Sorti en 1994, le roi lion est – osons le mot – un chef d’oeuvre cinématographique. Réalisé par Rob Minkoff et Roger Allers, il s’inspire en grande partie de l’œuvre d’Osamu Tezuka, Le Roi Léo mais c’est franchement mieux dessiné à mon goût et au niveau graphique, c’est au dessus.
Il signe l’apogée du film Disney et réunit les splendides arguments de l’Afrique comme décors, de ses animaux fantastiques comme protagonistes et d’Hamlet comme scénario. Je tiens à préciser que la version française est, une fois n’est pas coutume, meilleure. D’abord parce que la voix de Jean Réno en roi, ce n’est pas rien et puis parce que la voix de l’enfant est dix fois moins enquiquinante. La chanson d’Elton John que ce soit en français ou en anglais, bon…
La scène d’introduction d’abord est visuellement colossale avec des angles de prise de vue aussi splendides qu’originaux; du survol en avion à la prise de vue sous les pattes de l’éléphant, toutes les images peuvent être encadrées indépendamment du film. Évoquant le paradis terrestre, cette introduction se clôt brutalement sur un écran noir et le titre. S’ensuit l’histoire. Une histoire sombre de jalousie, de traîtrise, de devoirs et de choix.
Disney commence par une allégorie de la montée du nazisme en montrant l’engrais fertile de la misère et de la naïveté symbolisé par les hyènes. La scène avec les rimes en « ..ion » avec les hyènes au pas de l’oie mêle l’hallucinant et grotesque propre aux mises en scène nazies. Je souligne ici la prestation de Jean Piat qui est juste géniale dans la chanson « Soyez prêtes ».
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Pour la scène de la mort du Roi, la musique d’Hans Zimmer fait écho au confutatis lacrimosa du requiem de Mozart, rien de moins. Au niveau visuel, la scène est spectaculaire et poignante. On regarde le roi tomber dans les yeux de son fils horrifié.
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Mises à part quelques chansonnettes disposées ça et là pour les enfants, l’histoire c’est Hamlet avec son to be or not to be. Suite à l’assassinat du roi Hamlet père/Mufasa par son oncle Claudius/Scar, quels sont les choix d’Hamlet fils/Simba? Hakuna matata/dormir et rêver ou bien se battre et mourir?
« Y a-t-il plus de noblesse d’âme à subir
la fronde et les flèches de la fortune outrageante,
ou bien à s’armer contre une mer de douleurs
et à l’arrêter par une révolte ? Mourir… dormir,
rien de plus ;… et dire que par ce sommeil nous mettons fin
aux maux du cœur et aux mille tortures naturelles
qui sont le legs de la chair : c’est là une terminaison
qu’on doit souhaiter avec ferveur. Mourir… dormir,
dormir ! peut-être rêver ! Oui, là est l’embarras. »
« To be, or not to be, that is the question.
Whether ’tis nobler in the mind to suffer
The slings and arrows of outrageous fortune,
Or to take arms against a sea of troubles,
And, by opposing, end them. To die, to sleep,
No more, and by a sleep to say we end
The heartache, and the thousand natural shocks
That flesh is heir to; ’tis a consummation
Devoutly to be wish’d. To die, to sleep,
To sleep, perchance to dream, ay, there’s the rub; »
Hamlet, acte 3 scène 1 Shakespeare.
On a également droit à la visite du fantôme du père de Hamlet/Simba réclamant que son fils reprenne sa place et se batte pour le trône.
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C’est un Disney donc la mère n’est pas dans le coup, il y a des chansons agaçantes, des personnages comiques et le fils ne meurt pas. Reste une oeuvre sur l’héritage, le devoir et les responsabilités avec des moments fulgurants de beauté. Le roi Lion, c’est l’histoire de la vie.
Ce film m’a notamment inspiré la série Les fauves fauves.
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