Gatsby le magnifique

Oct 17, 2012 | Films, Livres | 0 commentaires

By Rose Hudson

A l’occasion de la sortie très attendue de « Gatsby le magnifique » revu par Baz Luhrmann, j’en profite pour livrer à la fois la dernière bande annonce du film et une petite revue du livre.

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A ce stade, une fois de plus le réalisateur Baz Luhrmann donne l’impression d’avoir saisi complètement l’esprit d’un auteur pour le restituer. Il faudra attendre la sortie du film pour dire si celui ci vaut la revisite de Shakespeare avec « Roméo + Juliette » mais il a définitivement l’air prometteur et fidèle à l’esprit de l’auteur. Sortie prévue à l’été 2013. Mise à jour de l’auteur après avoir vu le film, c’est effectivement très fidèle avec quelques adaptations que je n’aurai pas géré comme cela mais globalement et visuellement assez enchanteur.
Passons maintenant au livre écrit par F. Scott Fizgerald et publié en 1925. Situé dans les années folles, le livre se focalise via le narrateur sur un parvenu richissime et l’Amérique qui l’entoure. Une Amérique, folle de paillette et de consommation, éprise de l’argent, hypocrite et gardant l’esprit de classe. Un homme, Gatsby, s’est entièrement inventé à partir d’un rêve. Il aura tout fait pour l’amour de ce rêve et ne survit pas à son réveil brutal. C’est l’opposition d’un homme incorruptible dont l’argent et l’apparence ne sont qu’un moyen pour poursuivre un rêve : son amour de jeunesse, Daisy, pour qui l’argent et l’apparence sont en revanche une fin en soit. Mariée à un homme brutal qui, comme elle, s’est donné la peine de naître dans une famille richissime, ils vont tous les deux tout casser sur leur chemin sans aucune conscience ni remords. Poussé plus loin que l’analyse de classe, c’est une allégorie du rêve américain.
Le Gatsby de Fizgerald fait penser aux personnages que Romain Gary imaginera plus tard sur la capacité à survivre, s’inventer et se construire grâce au rêve. C’est un self made man, héros de guerre dont l’argent provient probablement de la prohibition et de trafics en tout genre, mais ironiquement c’est le seul pour qui l’argent n’est pas une fin mais un moyen. Tout le monde se presse à ses soirées mais tous le méprise également car il n’a pas voulu se donner comme les autres la peine de naître dans une bonne famille. Le constat sur cette classe de la société est un farouche désaveux de la part de l’auteur au bénéfice de son Gatsby. Pour Gatsby et son rêve incorruptible cet argent n’a qu’un but : celui d’annuler le sort de sa naissance en remontant le temps et en relançant les dés, tout le reste étant accessoire. Quand le rêve se brise, il ne reste personne mis à part le narrateur et son propre père pour aller à son enterrement. Dans les dernières pages, on quitte un des personnages les moins attachants du livre, le mari de Daisy en train d’aller s’acheter des boutons de manchettes alors qu’il a indirectement provoqué les trois morts de l’histoire et cela ne l’effleure pas une seconde. L’absence totale de conscience est frappante et glaçante.
Gatsby a des allure de personnage universel dans la littérature. Gatsby est effectivement magnifique, il s’est battu pour atteindre un rêve grandiose et comme Icare, il s’est brûlé les ailes à la réalité. Le roman de Fizgerald a fait sensation parce qu’il n’évoque pas seulement à merveille une société décadente et un rêve américain corrompu mais il évoque le combat de l’Homme avec un grand H dans la vie et la grandeur de ce combat perdu d’avance mais qu’il mène incessamment à travers les siècles. Fizgerald termine son roman sur cette phrase qui résume la condition humaine : « Et c’est ainsi que nous allons, barques luttant contre un courant qui nous ramène sans cesse vers le passé. », « and we beat on boats against the current, borne back ceaselessly into the past ».

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